La pièce Exils a reçu le 2ème prix et le prix du public, lors du Concours International de Composition de Haute-Savoie 2018.

Exils raconte l’histoire d’un retour au pays. J’ai volontairement placé dans le texte une sorte d’ambigüité au sujet des véritables motivations du narrateur : le personnage principal s’adresse peut-être à une personnification de son pays ou peut-être à une personne qu’il aime dans ce pays. Quand il fait son retour, le narrateur est plein d’amour pour son entourage, d’admiration de la nature et de souvenirs d’enfance. Cependant, il comprend soudainement que les choses ont changé : il ressent la haine et la peur autour de lui. Il ne veut pas partager cette haine aveugle et s’en veut d’avoir abandonné son pays et son entourage à cette dernière. Finalement, il réalise ce qu’est vraiment l’amour du pays pour lui et espère, en défendant cette notion, retrouver ce qu’il a perdu.

Les tonalités qui structurent la pièce sont construites en miroir. Le premier ré majeur offre une atmosphère d’apaisement qui correspond à la douceur des souvenirs alors que le personnage principal rentre chez lui. Vient ensuite fa majeur qui exprime la joie intense du retour. Cette tonalité est brusquement stoppée par l’exposition du problème par le chœur, en ré mineur puis en fa mineur: « Mais où es-tu ? T’ai-je perdue ? ». Le narrateur ne semble plus reconnaître son pays, ou alors il souffre de ne plus retrouver la personne qu’il aime. C’est ainsi que surgit la partie centrale en do mineur, où le personnage comprend qu’il fait face à un nouvel exil, intérieur celui-ci : il doit lutter pour trouver le courage de continuer. Peu à peu, il recouvre ses forces, d’abord avec l’apparition de la bémol majeur (répondant à fa mineur) puis de ré majeur, comme si tout était résolu et l’apaisement du début revenu. Pourtant son combat n’est pas terminé : dans un passage harmoniquement plus dense évoquant brièvement les tonalités qui avaient installé le problème, le narrateur s’interroge sur sa capacité à tenir tête à la haine ou alors à accepter son passé et à retrouver la personne qu’il a perdue. Quand fa majeur revient enfin (répondant à ré mineur), le narrateur nous délivre sa conclusion, toujours avec cette ambigüité déjà signalée: « Le pays auquel j’appartiens, Le pays qui est le mien, C’est le pays où tu m’aimes ».

2e prix et prix du public lors du Concours International de Composition de Haute-Savoie, organisé par l’Union Fédérale des Musiques de Haute-Savoie.
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Exils (paroles)

Comment oublier
Les chemins escarpés,
Les pâturages verts,
La caresse de l’air
En apaisants baisers
Sur ma peau fatiguée ?

Je m’en rappelle encore
Les montagnes si fières,
Les blés dansant dans le vent,
Des cloches le tintement,
La joie de ma famille,
La paix de mon pays.

Je reviens à toi,
Elle est finie
Ma fuite sans répit,
Je reviens chez moi,
Vers mon amour
Viens, je suis de retour !

Mais où es-tu ?
T’ai-je perdue
Oh ma terre de progrès ?
Qu’ont-ils fait de ton engrais ?
Partout je vois leur haine,
Surtout je sens la tienne,
Pourras-tu me pardonner jamais ?

J’ai vu la haine,
J’ai vu les peines,
Si j’ai continué,
Si j’ai voulu lutter,
C’est pour que tu reviennes.

C’est eux que je vois toujours
Ils s’accaparent tes soins
Ils repoussent ceux qui ont faim
Ils t’appellent patrie
En ce nom ils sacrifient des vies
Pour nous est-il vraiment trop tard ?

Partout me suit mon passé
Comment ai-je pu partir?
Comment ai-je pu te laisser ?
Comment ai-je pu te laisser partir ?

Le pays auquel j’appartiens,
Le pays qui est le mien,
C’est le pays où tu m’aimes.
Je t’attendrai ici
Je te chercherai partout ailleurs.