Version Brass Band

Lifeblood a été composée dans le cadre du projet « Immortels », lancé par le Corps de Musique de Saint-Imier. Ce projet s’organise autour des œuvres de l’artiste Cedric Bregnard, en particulier ses peintures d’arbres centenaires, voire millénaires. Pour ma part, si je me suis plus particulièrement inspiré de ses travaux sur le Figuier du Sri-Lanka, c’est aussi et surtout toute la philosophie de l’artiste qui m’a séduit.

Lors de mes discussions avec Cedric, ce dernier m’avait rendu attentif au côté tout à fait sacré du Figuier du Sri Lanka, puisque l’arbre faisait l’objet de vénération de la part des moines bouddhistes. J’ai donc commencé par sélectionner une série de sept notes qui évoquaient en moi l’idée que je me faisais de la pureté de la religion bouddhique. Cette série revient en principe dans le même ordre (en do : do-sol-sib-fa-la-mi-sol) et consiste en la totalité du matériau musical. Un des concepts qui m’avaient avant tout intéressé dans la vision de Cedric était cette idée que nous ne traversons pas la vie d’une traite sans que rien en nous ne s’altère. Nous sommes au contraire en constante évolution, subissons des changements profonds, faisons face à des échecs ou des drames. Ces événements provoquent en nous ce que nous pourrions appeler des « petites morts » avant que se crée une remise en question et un renouveau. Le titre Lifeblood, littéralement le « sang de la vie » mais qu’on traduit parfois par la « sève », m’a paru idéal pour mettre en lumière cette construction de soi pas-à-pas. Je me suis imaginé, en musique, la croissance de l’arbre, partant d’une petite pousse puis laissant s’épanouir ses branches et son feuillage dans des directions diverses. Pour correspondre à ce schéma, ma composition se fonde sur une accélération du rythme et une augmentation progressive des enchevêtrements rythmiques et harmoniques de ma série de sept notes. On peut assister à deux de ses épisodes (du début à 32 puis de 32 à 56), puis ceux-ci conduisent à une partie plus joyeuse qui correspond à la beauté et à la puissance de l’arbre qui a su se développer. Dès la mesure 76 cependant, l’atmosphère change complètement pour laisser envisager une « petite mort » du figuier. Cet épisode décrit d’autre part les persécutions et le massacre des moines bouddhistes par des guérillas ainsi que la tristesse des survivants. Malgré tout, à partir de la mesure 95 débute un épisode de renouveau, de manière plus homorythmique et colossale qu’auparavant, pour montrer à quel point l’arbre a évolué depuis les premières mesures de la pièce. S’ensuit une autre accélération et un autre éclatement de joie avant que tout s’éteigne, comme pour annoncer la fin de cette « petite vie » et le commencement d’une autre.


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